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Émotion caméléon

  • Photo du rédacteur: Karine Ulcoq
    Karine Ulcoq
  • 21 janv.
  • 2 min de lecture

Dernière mise à jour : 8 mars


La colère est une émotion dont on n’explore pas assez les contours, tant ils sont variés. Elle a de multiples facettes et s’appuie sur des socles très différents, dépendant de celui qui la porte.

Elle est très souvent associée à une réaction, qu’elle soit provoquée ou non. La colère, dans tous les cas, laisse des éclats.

 

Émotion-caméléon, elle sait se vêtir de la couleur qui lui sied, selon la cause qu’elle dessert.

Elle n’a pas d’âge, seule sa maturité diffère.

Elle sait pourtant être sage mais seulement quand c’est l’amour qui la dirige et non la haine. Dans ce spectre immense qui sépare ces deux entités venant du cœur, elle oscillera entre plusieurs états, d’une personne à l’autre, d’une situation à l’autre.

 

On a d’abord la colère-bouclier, la plus classique. Celle qui fait rempart, celle qui protège. Plus solide que sa petite sœur, Tristesse, face à l’adversité, elle se dresse.

Mais elle n’est qu’une vitrine, elle n’attaque ni ne défend. Elle protège, sans impact. Elle reste là, le temps que la tristesse puisse être accueillie.

 

Il y a aussi les colères-tempêtes. Celles qui naissent dans un verre d’eau. Elles sont de ces colères qui éclatent mais qui ne servent pas la bonne cause. Elles ont été déplacées vers une cible plus facile à atteindre. Grands éclats pour petite cause, il faudra chercher plus loin et comprendre ce qui l’anime plutôt que de laisser libre cours à ses impacts ravageurs.

 

On a ensuite la colère-guerrière, celle qui vient de nos derniers retranchements. Celle qui débarque comme une explosion. Celle qui dit « Stop », « Non », « Ça suffit ». Elle arrive en dernier recours, c’est la grande secousse, celle qui nous soulève du sol et nous redonne vie.

 

Et puis, nous avons la colère-justice. Celle qui rejoint les grandes causes, ces sujets sur lesquels l’on se sent concerné ou pas. Celle qui nous permet de nous élever face aux grandes et petites injustices d’une société parfois tranchante.

 

Enfin, on a les colères-masquées. Celles que l’on cache derrière des papiers de soie, des gants de velours et des sourires factices. Celles que l’on transforme et que l’on n’assume pas. Celles que l’on tait mais que nos yeux trahissent.

 

Et pour finir, la colère-pathos, la plus ravageuse, celle où la raison n’a plus sa place. Celle où il n’y a plus de cadre. Celle que le temps n’apaise pas mais que la haine nourrit. Celle-là même qui brûle et réduit en cendres. Celle-là même qui finira par ronger celui qui la porte trop longtemps.

 

Ainsi, toutes ces émotions sont appelées de la même façon mais aucune ne prend sa source au même endroit. Elles ne nourrissent pas la même cause et n’ont pas la même fonction. Ni la même portée.

Émotion majeure de notre époque, émotion caméléon, la colère évolue, change, mûrit, au gré des saisons et des couleurs environnantes.

 

Et s’il n’y avait qu’un seul message à transmettre à nos petits adultes en devenir, ce serait celui-là :

On dit qu’il faut choisir ses batailles et c’est vrai.

Mais il est important aussi de bien choisir ses colères.

Car, finalement, si la colère n’est qu’une émotion, la nourrir reste un choix et ce qu’on en fait une décision.

La nôtre, uniquement.

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