Aujourd’hui, une maman m’a envoyé par whatsapp un dessin que sa fille de 6 ans a fait pour mon fils. Un dessin qui les représente tous les deux, s’attrapant la main, avec des cœurs et des étoiles, des sourires, de la joie, de l’innocence. La vie tout simplement.
Ce dessin m’a d’abord fait sourire car il est beau. Mais il m’a ensuite fait pleurer car il dépeint une réalité qui aujourd’hui appartient au passé. Ce qui m’a touchée, c’est d’imaginer cette petite fille qui était dans la classe de mon fils l’année scolaire précédente (pour quelques mois) et qui a dû puiser dans ses souvenirs pour penser à lui, car ils ne se sont pas vus depuis plusieurs mois. Et plusieurs mois, pour un enfant de 5/6 ans, c’est beaucoup.
C’est même beaucoup trop.
Je voudrais saluer ici le courage de tous nos enfants, petits et grands, mais aussi de tous les parents, particulièrement les mamans, comme moi, celles qui travaillent, celles qui ne travaillent pas, celles qui sont seules, celles qui ne le sont pas, celles qui subissent, celles qui agissent, celles qui galèrent, celles qui s’en sortent … peu importe. Il nous en faut à tous du courage et particulièrement à nos enfants qui chaque jour, se lèvent le matin, et recommencent le même rituel : s’asseoir devant un écran et « font l’école ».
Mais l’école, ce n’est pas ça et ils le savent nos enfants. Non, l’école, ce n’est pas répéter une leçon à travers un écran, faire un bilan en ligne, imprimer un document, régler des problèmes de connexion, écouter une voix parfois saccadée, parfois fluide, mais jamais constante.
L’école, c’est surtout apprendre à vivre ensemble, partager, échanger, pleurer aussi, grandir, chanter, se tenir la main, courir, mais pas courir seul, non c’est aller plus vite que son copain. C’est avoir chaud en été mais courir quand même, c’est être trempé par la pluie lorsqu’elle nous surprend en cour de récré. L’école, c’est rentrer à la maison et raconter sa journée ou pas, c’est ne pas vouloir faire ses devoirs car « on n’a pas eu le temps de jouer, maman », c’est courir dans tous les sens pour être à l’heure, c’est attendre le moment où on verra son copain et où on lui racontera qu’on a trouvé un nid d’oiseau par terre avec des œufs dedans.
L’école, c’est faire un dessin pour son copain et pouvoir le lui glisser dans son sac.
L’école, pour un parent, pour une maman que je suis, c’est préparer la veille le gouter de son enfant malgré la fatigue intense de la journée, c’est s’assurer que les chaussettes sont propres, que les uniformes sont lavés, c’est préparer le sac de son petit, remplir sa gourde puis l’oublier et s’en vouloir toute la journée. L’école, c’est rater le réveil, courir dans tous les sens, arriver en retard, s’excuser auprès de la maitresse. L’école c’est aussi rentrer de sa journée de travail, fatiguée, vidée et demander à son enfant comment était la sienne, est ce qu’il a bien mangé, avec qui il a joué, comment était la classe, est-ce qu’il a fait ses devoirs, qu’est-ce qu’il a appris et s’accrocher aux jours où il veut bien raconter. On sait aujourd’hui combien ces conversations a priori banales étaient précieuses.
L’école, c’est chaque jour une nouvelle journée avec son lot de surprises, bonnes ou mauvaises, son lot de drames, grands ou petits, son lot de sourires mais aussi de pleurs, son lot de Tupperware, de gourdes, de sacs, de chaussettes sales.
Aujourd’hui, l’école, si tant est qu’on peut l’appeler comme ça, c’est vivre chaque jour à reculons, c’est se réveiller avec pour seul objectif de s’assurer que nos enfants seront suffisamment occupés, au moins la matinée, pour ne pas avoir à combler le temps qui restera jusqu’à la fin de notre journée de travail à nous. Aujourd’hui, on leur demande d’aller se coucher car demain y’a … le vide.
A quoi jouons nous ?
Nos enfants sont en train de perdre des années importantes de leur vie, leur école et bientôt, ce sont des parents sains d’esprit qu’ils perdront.
Car nous aussi, on n’en peut plus.
OUVRONS LES ECOLES.
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