Il y a quelques temps de cela, j’étais à mon rendez-vous semestriel chez Francis, mon coiffeur. Au moment de passer à la caisse, je m’arrête un moment devant les produits, prête pour une petite folie tout en sachant parfaitement que jamais je n’obtiendrai ce résultat que je constate, émerveillée, en jetant un œil en direction du miroir : des cheveux brillants, parfumés et droits. Francis vient pour me conseiller comme toujours sur les produits les plus adaptés à mon cuir chevelu. Il a toujours les arguments pour me convaincre et arrive à chaque fois à me faire prendre des produits qui se disent miracles. Lorsqu’on en vient à la question du masque, celui que l’on met après l’après-shampooing, je pose la question essentielle « Est ce que l’on se doit rincer les cheveux après l’application ? », « Oui, me dit-il, il faut laisser poser ». « Combien de temps ? », je demande, affolée. Je vois alors une dame qui attend dans le petit salon à côté des produits et qui ne perd pas une miette de notre conversation. Elle a compris déjà mon dilemme, l’équation non résolue de ma vie et de celle de nombreuses femmes. Francis, cependant, éternel optimiste, me répond « 5 minutes, pas plus ». Hmmm, je réponds. Il me regarde, imperturbable, sous le regard complice de cette dame et me demande, courageux « Tu te sèches bien les cheveux après les avoir lavés ? ». Mon silence dépité suffit à lui répondre. Le regard de la dame croise le mien et tout est dit à travers notre échange muet. Elle sourit, je lui souris en retour et notre cher coiffeur, vaincu, a compris qu’il n’est pas nécessaire de creuser davantage.
Non, mon cher Francis, je ne me sèche pas les cheveux quand je les lave, car les laver c’est déjà toute une organisation. Mettre le sérum, j’y arrive tout juste, le masque c’est pour les grands jours et le booster volume c’est pour les jours exceptionnels. Les sécher, ça m’arrive aussi souvent qu’un 29 février.
Je n’ose même pas dire à mon coiffeur favori que ça m’arrive aussi de tricher avec le 2 en 1 qui traine du côté des produits masculins de la douche.
Mais ce que je ne lui dirai jamais et que je proclamerai à toutes celles qui, comme moi, se sentent mal d’arriver au travail avec des cheveux gras, informes et plats, un visage fatigué et des cernes accentués ces jours où le temps nous fait défaut, c’est que le produit miracle existe ! Il ne se trouve pas sur les étagères de nos salons de coiffure mais sur celles des pharmacies, du côté des produits de soin. C’est le shampooing sec. Une invention brillante, miraculeuse, révolutionnaire et tellement adaptée à nos vies tourbillonnantes. Il existe pourtant depuis des décennies. Nos grand-mères et même nos mères connaissaient cette parade, en utilisant de la poudre de bébé tout simplement. Aujourd’hui, nous avons des produits élaborés, ils sont sous forme de spray avec une déclinaison pour cheveux foncés, de couleur beige, au lieu de cette trace blanche qui reste sur les racines.
Lorsque je l’ai découvert il y a quelques années déjà, je n’ai plus pu m’en passer. J’en abuse parfois tellement durant ces semaines où les longues journées s’enchainent que ma chevelure a défaut d’être grasse devient immobile, comme figée sur ma tête. Même un cyclone ne réussirait pas à faire bouger une mèche.
Hier soir, alors que je me préparais à aller diner chez des amis, à la course comme toujours, je sors le produit miracle, j’asperge généreusement ma chevelure de ce spray magique et j’entends la petite voix de mon fils qui ne perdait pas une miette du spectacle : « Qu’est-ce que tu mets dans tes cheveux maman ? C’est du Baygon ? ».
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