Donnez-leur
- Karine Ulcoq
- 23 août 2022
- 2 min de lecture
Dernière mise à jour : 15 oct. 2024
Donnez-leur une boite en carton un peu cabossée, des vieux câbles bons à jeter et vous vous retrouverez sur un circuit de Formule 1.
Donnez-leur quelques Legos, 10 pas plus, ceux qui sont trop gros pour les grands et trop petits pour les bébés et ils vous inventeront un univers de robots galactiques supersoniques.
Donnez-leur une petite branche avec quelques feuilles au bout et vous rencontrerez enfin ces fées que vous avez tant cherché petite.
Donnez-leur un sac poubelle et un peu d’eau et vous aurez une piscine adaptée à toute taille humaine.
Donnez-leur un vieux cerf-volant caché au fond d’une armoire et ils sublimeront ce vent qui souffle sans arrêt.
Donnez-leur quelques graines de filao, un vieux gobelet en plastique et pourquoi pas quelques brindilles et vous goûterez à la cuisine d’un grand chef étoilé.
Donnez-leur une vieille boule mille fois éventrée par le chien mais résistante malgré tout et c’est la Coupe du Monde de Football qui se déroulera sous vos yeux.
Donnez-leur un papier, un peu déchiré, déjà utilisé et même un peu froissé et le Salon du Bourget prendra vie au-dessus de vos têtes.
Donnez-leur une peluche, avec un œil en moins et quelques morceaux de coton qui s’échappent des trous mille fois rafistolés et vous accueillerez un enfant de plus dans votre foyer.
Donnez-leur un morceau de tissu, celui dont on ne se sert plus, celui qui se trouve toujours au bas de la pile, celui qu’on garde sans savoir pourquoi, et vous volerez avec eux dans un monde de super-héros aux capes magiques.
Donnez-leur la plume d’un oiseau, ramassée au pied d’un arbre, posée sur un sol boueux, un peu flétrie et vous découvrirez que les chatouilles, ce n’est pas que pour les petits.
Donnez-leur quelques roches encore remplies de terre et ils vous offriront des diamants.
Donnez-leur des écrans et ils découvriront l’ennui.
Nos enfants n’ont pas oublié comment jouer, c’est notre mémoire à nous, adultes sérieux et tellement responsables, qui s’est effacée.
C’est notre angoisse à nous face à cette phrase « Maman, je n’ai rien à faire » qui nous paralyse.
Et cet enfant que l’on a été, pourquoi ne pas le réveiller ?
Comments